Suite au séisme d’avril 2015, de nombreuses ONG se sont mobilisées et ont distribué des abris temporaires aux familles népalaises. Aujourd’hui, huit mois après, nous avons constaté que dans bien des cas, les tentes, abris en tôle et en bambou s’installent dans la durée. Les maisons qui ont été les plus touchées par le tremblement de terre sont celles des habitants les plus pauvres, n’ayant pas eu les moyens de les entretenir ou de les construire dans les règles de l’art. Beaucoup n’ont aujourd’hui pas les moyens de les reconstruire ou de les réparer. D’autres encore souffrent d’un traumatisme trop important pour regagner leurs maisons.
Nous avons traversé au Népal, dans la région de Phaplu, des villages entiers de baraquements en bois, tôle et bambou. Beaucoup de maisons traditionnelles en pierre y ont été comme « soufflées » par le séisme, les murs se sont, dans bien des cas, séparés en deux. La raison de ce désordre est le manque de moyen, et de savoir-faire pour la construction de ces murs. Il semble qu’au lieu de respecter le croisement des pierres l’une sur l’autre, les pierres ont été posées dans le même sens. Par ailleurs pour aller plus vite deux maçons se font souvent face l’un à l’intérieur, l’autre à l’extérieur et montent en fait deux murs en pierre plutôt qu’un.
Afin de ne plus reproduire un tel désastre, des initiatives de reconstructions anti-sismique voient le jour. Nous avons eu l’occasion de visiter deux projets en sac de terre, l’un mené par une association pour la construction d’une école, l’autre par des habitants pour reconstruire leur maison. La construction en sacs de terre est un procédé de mise en œuvre simple et très économique, utilisant comme matière première l’argile présente dans le sol.
La technique consiste d’abord en la réalisation de semelles filantes pour les fondations. Dans une optique d’économie de moyen, celles-ci peuvent être réalisées avec les méthodes traditionnelles : en pierres jointées avec de l’argile. Pour assurer la stabilité de l’ensemble, un chaînage en béton doit être réalisé en tête.
Sur les fondations commence la construction en sacs. La première rangée de sacs est remplie de graviers ce qui permet d’éviter les problèmes d’humidité et la remontée d’eau dans l’argile. Les rangées suivantes sont constituées de sacs remplis d’argile. Cette dernière est creusée directement sur le site et est simplement tamisée avant d’être mise en sac. Les sacs sont ensuite fermés avec des tiges de métal, ils pèsent 35 à 40kg.
Afin d’assurer la stabilité et le maintien des sacs, du fil barbelé est placé entre chaque rangée. Il permet de lier les différentes couches de sacs entre elles. Des fils de fer sont mis en place entre chaque rangée. Ils débordent de part et d’autre du mur et permettent d’accrocher un grillage qui recevra l’enduit final.
Une fois positionnés, les sacs sont tassés afin de leur donner une forme parallélépipédique et plane. L’argile ainsi tassée devient aussi dure que de la pierre.
Les portes et fenêtres sont confectionnées sur site et mises en place au fur et à mesure de la construction. Pour apporter le plus de sécurité possible aux occupants, il est recommandé de faire arriver les linteaux des ouvertures sous la dernière rangée de sacs afin de ne pas faire reposer trop de poids dessus. Un chaînage en béton vient ceinturer la dernière rangée. Une charpente bois et un bac acier sont posés par-dessus.
En finition les murs reçoivent un enduit de terre ou un enduit ciment, que le grillage permet de faire tenir.
Ce procédé anti-sismique simple à mettre en œuvre et économique semble être une alternative pour certains habitants. Une fois terminé, les maisons ressemblent aux constructions locales par leur forme et leur dimension. On y retrouve comme dans les habitations traditionnelles des murs épais, des petites ouvertures et des toitures similaires. Cependant, nous espérons que les constructions en pierres apparentes qui apportent un caractère particulier à cette région ne disparaîtront pas des pratiques. Il faudrait pour cela, que les habitants reçoivent les aides promises par le gouvernement pour pouvoir reconstruire leurs maisons, en utilisant les matériaux et les compétences présents sur place mais sans oublier certaines règles de l’art de construire.
Maison traditionnelle des villages Sherpas
Maison endommagée – région de l’Everest
Maison endommagée – région de l’Everest
Maison endommagée – région de l’Everest
Abri temporaire en bambou – région de l’Everest
Abri temporaire en tôle – région de l’Everest
Reconstruction d’une maison en pierre – région de l’Everest
Construction d’une maison en pierre/béton – région de l’Everest
Tamisage et préparation des sacs d’argile
Tassage des sacs d’argile
Préparation des menuiseries
Mise en place d’une porte
Maison en sacs d’argile après la pose de la toiture
Maison en sacs d’argiles avant la pose de l’enduit